L’inattendu dans les soties de Gide

Anne Frenzel

« Seul l’inattendu peut ravir et plonger en état de transe »

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Gide par René Vital
Tirage d'une photographie d’André Gide, Catherine Gide et son fils Nicolas Lambert lors du tournage du film Avec André Gide en janvier 1951, conservé aux Archives André Gide de la FCG. © René Vital/Paris Match

Les trois soties de l'oeuvre d'’André Gide (PaludesLe Prométhé mal enchaîné et Les Caves du Vaticanretiennent l’attention du lecteur par leur originalité et les réflexions qu’elles suscitent ; la notion d’imprévu, d’inattendu y est présente, recherchée.

Alors que l'on commémorait les 150 ans de Gide en 2019, la Galerie Gallimard lui a consacré une exposition justement intitulée : André Gide l’inattendu[1]. Une pensée tirée de son Journal montre la joie que ce dernier ressent à l’idée de sa rencontre avec l’imprévu, ce « quelque chose d’étrange, de bizarre, et qui vous saisisse. C’est cela que je souhaiterais, sachant bien que seul l’inattendu peut ravir et plonger en état de transe[2] ». Le lecteur éprouve à son tour ce saisissement lorsque surgit l’inattendu dans ces trois soties.

Dans Paludes, sotie parue en 1895, le désir d’imprévu ne trouve sa place que fort timidement. En effet, s’il y a bien, pour les deux personnages sensibles du récit : Angèle – rêveuse – et Tityre – créatif –, une tentative d’échapper à la monotonie ambiante en effectuant un petit voyage d’agrément, le voyage qui leur semblait nécessaire dans leur imaginaire, parce que « la perception commence au changement de sensation », manque de réelle conviction. Leurs atermoiements feront échouer ce voyage, et tous deux reviendront précipitamment dans la chaleur de leurs foyers respectifs, parmi leurs amis, de « tranquilles » littérateurs. Ce n’est que dans Le Prométhée mal enchaîné, édité en 1899, que le souhait d’Angèle et Tityre se concrétisera, l’échec les ayant instruits. Àl’instar de Prométhée, ils pourront briser les chaînes qui les retenaient prisonniers des lieux, et le lecteur, conquis par leur détermination, observera au fil de sa lecture la gradation de ce besoin irrépressible qu’ont certains personnages à fuir l’ennui, l’étouffement, en s’éloignant, vivant ainsi une aventure, porteuse de nouvelles émotions.

Dans Paludes, dans Le Prométhée mal enchaîné, dans Les Caves du Vatican, le passé, l’avenir, et entre ces deux extrémités, l’imprévumoment inattendu, où la monotonie du quotidien s’éclaire ou s’assombritdevient, chez Gide, support décriture. À la fois pilier, carrefour, tourniquet, le fortuit bouleverse la vie des personnages marquants, que ceux-ci soient humbles ou ambitieux. L’imprévu, qui, par nature, est doté d’un effet de surprise est, dans ces soties, parfois espéré, parfois redouté. À la fois moment de l’éveil, de la connaissance, il est aussi l’instant de la déroute, du conflit, de la perte, et va, par trois fois, entraîner la mort. L’imprévu concerne, au sein de ces soties, plusieurs types de personnalités. Il s’adresse tout particulièrement, dans Le Prométhée mal enchaînéet Les Caves du Vatican, à un être malingre, médiocre, que le narrateur nomme : « l’homme normal », dont la singularité consiste « à[mener] une vie ordinaire, [se faisant] un devoir de cette formule : ressembler au plus commun des hommes. […] ayant soin en chacun de [s]es actes d’imiter toujours le plus grand nombre, et pour chacune de [ses] pensées d’adopter l’opinion la plus commune[3] ». Cet homme, « le plus complexe des êtres, et c’est pourquoi le plus dépendant des êtres[4] », Gide l’introduit dans son œuvre, réfléchissant à l’uniformité d’une vie, et à l’imprévu,moment-cléoù le quotidien bascule et accable « l’homme normal », dont il donne une définition dans Paludes :

L’homme normal nous importe peu, j’aimerais dire qu’il est supprimablecar on le retrouve partout. L’homme normal, […]. C’est le pigeon primitif qu’on réobtient par le croisement des variétés raresun pigeon gris – les plumes de couleur sont tombées ; il n’y a plus rien qui le distingue[5].

Il semblerait, au regard du jeune écrivain, que ce soit ce dernier qui subit avec le plus de difficulté l’évènement imprévisible. Toutefois, l’auteur lui-même n’a-t-il pas craint l’imprévu ? N’observons-nous pas au sein de Paludes, que le voyage projeté par Tityre, tout juste entamé, a été avorté ? N’en n’a-t-il pas été de même précédemment, dans l’écriture du Voyage d’Urien, édité en 1893 : « Ce voyage n’est que mon rêve. [Urien] préférant […] d’attendre, d’attendre, d’attendre… » Il n’y a pas d’empressement à partir, mais le souhait de surseoir à l’imprévu. Le désir d’un voyage plus imaginé qu’aisément vécu par Angèle et Tityre dans la première sotie de Gide, se rapproche ainsi du voyage poétique d’Urien, qui semble plus intense, plus exaltant à rêver qu’à vivre. Complexité de l’homme, de ses désirs, et de sa difficulté à les mettre en œuvre. Étrange destinée également que celle de l’homme faible, démuni, victime de sa piètre condition, et dont la « vaine ambition » est éloignée de celle « d’un être original, unique, répondant à une singulière destinée[6]  ». Gide, « tout en soleil ou en jours gris[7] », chemine entre poésie et ironie pour aller à la rencontre de ce que ressent « le plus complexe des êtres ». Gide, qui évite l’ennui en toutes choses, et pense que « les choses les plus belles sont celles que souffle la folie et qu’écrit la raison[8] ». Aussi, lorsqu’il compose ses soties, la folie devient-elle celle depersonnages curieux, aventureux ou anodins, circonspects ; la raison, l’apanage du littérateur ; la monotonie, l’habit de « l’homme normal ». Homme dont la singularité des contours est finement dessinée par un narrateur qui le met en lumière dans Paludes, avant de le projeter dans Le Prométhée mal enchaîné, puis dans Les Caves du Vatican.

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Manuscrits de Gide, FCG

Au sein de ces soties, plusieurs degrés, plusieurs perspectives à observer. De petits imprévus faits de fugaces bonheurs dansPaludes, tels des balbutiements, et de grands imprévus qui participent de bénéfiques ou terribles bouleversements, l’expérience une fois vécue. Pour le scientifique, « dans l’expérimentation […] le côté imprévu est toujours plus fécond que le côté prévu[9] ». Pour le littérateur, de son expérience ressort « que l’on pouvait recueillir plus d’instruction de ce qui se répète chaque jour que de ce qui ne recommencera jamais. (Fatalité extérieurefatalité intime)[10] ». Ces expériences, présentes dans les œuvres qui précèdent les soties de Gide, préparent le lecteur à accueillir le destin, la fatalité, et la personnalité d’un homme auquel il donne ce conseil : « Ne regarde plus vers jadis. Il est encore d’autres terres, et que tu n’as pas connues, que tu ne connaîtras jamais[11]. » Cependant, lors d’insomnies, ce même narrateur disperse ses pensées et songe : « … oh ! Si le temps pouvait remonter vers sa source ! Et si le passé revenir[12] ! » Gide surenchérit et livre ses pensées les plus intimes dans son Journal :

J’aimerais qu’au-delà des temps le souvenir de mon bonheur me reste. Si l’on pouvait dans l’ennui de la tombe revivre incessamment sa vie et sentir doucement, comme dans un songe de la nuit, les amertumes et les joies, mais lointaines, de sorte qu’on n’en souffre plus, ainsi que du souvenir des douleurs. J’ai peur d’oublier[13].

Le ressassement que Gide déplore chez ses personnages, il le ressent, car demeure en lui le souvenir contrarié du passé, et le désir jamais épuisé d’un ailleurs pour vivre une autre vie. Ainsi suscite-t-il, par le biais de ses propres tentations, un désir d’évasion chez ses personnages : « […] songez aux bonheurs du voyage[14]. » Le lecteur remarque également que les personnages sont régulièrement invités à « se réveiller après sur une terre nouvelle », à délaisser ceux qu’ils ont aimés ; rappelant ainsi que « [ces] objets de nos désirs, à ces concrétions périssables qui, sitôt que les doigts les pressent, n’y laissent plus que de la cendre[15] ». Aussi, le lecteur observe-t-il ce que de façon sibylline l’auteur laisse supposer de la sensibilité, et des troubles de ses personnages, et de « ce qui arriverait si, mais il reste toujours un petit laps par où l’imprévu se fait jour[16] ». Car chez Gide, les lumières – toujours – clignotent, et si les êtres faibles balbutient, chavirent, les êtres fortsmais rejetéschancellent et s’enfuient, poussés à l’exil, tel Lafcadio. Le lecteur découvre la fêlure des personnages dans Le Prométhée mal enchaîné et dans Les Caves du Vatican, où de petits imprévus souhaités, et de grands imprévus, indésirables, effraient « l’homme normal ».

Gide ne se contente pas de regarder s’agiter et bruire le monde autour de lui, il revisite l’histoire tragique des dieux des mythologies grecque et latine, évoquant Hercule, Zeus, nommant ses personnages : Prométhée, Coclès, Damoclès. Dans Les Caves du Vatican, il fait la part belle à la comi-tragédie. La constance dans son écriture se trouve dans son besoin de participer, d’être inclus dans l’œuvre, d’être libre, mais dans une liberté réfléchie. L’auteur se regarde, les personnages s’écoutent. Quelques soient les sujets choisis, il y a chez lui le désir d’être « acteur, oui acteur d’abord ; […][17] ». Le lecteur retrouve ce goût, cette tentation de la scène dans Le Prométhée mal enchaîné et dans Les Caves du Vatican, où les personnages déclament, gesticulent, lèvent les yeux au ciel. Cela, tout comme Gide qui a aimé lire à voix haute, et déclamer[18]. Lui qui avait « les émotions de [s]es personnages, [car] n’éprouver que les siennes, c’est une triste limitation[19] ». Les soties faites de scènes théâtrales renvoient à ce qu’il disait au retour d’un spectacle : « Mais impossible de prendre au sérieux ce que je voyais. Il ne me semblait pas que ce fut de la vie véritable[20]. » Gide pensait que « le drame quand on veut qu’il soit joué, c’est autre chose. […]. Il faut que la partie active soit au même ton que la partie réceptive[21] ». Pour mettre en œuvre l’imprévu et les bribes d’un drame, l’écrivain expérimente l’objet scénique qui met en évidence les fragments inquiets, dissimulés, ou joyeux d’une vie.

Comédie ou tragédie, c’est par goût du jeu révélé et pour contrer l’ennui que l’imprévu devient thème de prédilection, souvent lié à la macération de l’ironie tragique dans ces soties. Lieu où la monotonie s’installe, lieu où la fatalité surgit dans la vie de « l’homme normal », que rien ne distingue au premier regard des autres hommes. Mais qui est, nonobstant sa banalité, unique, singulier : « Il est soi[22]. » Cela, quand Gide, a contrario, sentait en lui « la très rare idiosyncrasie de [s]on être[23] », et fuyait la résignation observée chez l’homme immobile qui s’ennuie, et qui n’est pour lui « que banalité ». Il se différencie de « l’homme supérieur », olympien, avec des limites que ce dernier doit apprendre à gérer pour ne pas devenir « banal, supérieurement[24] » à l’image du Miglionnaire ; quand « l’homme supérieur », Juste-Agénor, est à l’effigie de L’homme au gant de Titien devant lequel Gide a pleuré[25].

Dans ces soties marquées par le désir d’aventure et l’inanité de certaines existences, Gide inscrit la « trace de l’homme ». Il remarque que « la personnalité s’affirme par ses limites[26] ». Ce sont ces limites qui l’intéressent vraiment, car il y a pour lui« nécessité de dessiner le nu sous le vêtement », qui se révèlera faille, tremblement douloureux du désespoir chez le pleutre Amédée Fleurissoire, et l’audacieux Lafcadio ; puis chez Coclès, Damoclès et Prométhée. Cependant qu’une « révélation imprévue » profitera de façon inattendue à Prométhée et à Coclès ; quand Damoclès et Amédée, deux hommes normaux sont « supprimables », puisque leurs « âmes timorées et scrupuleuses » participent de celles qui « appartiennent à la foule [le] degré inférieur, qui n’est que banalité où l’homme n’est qu’ensemble (il fait la foule)[27] ». Aussi, ces deux personnages à l’horizon limité, mourront-ils pour ne pas avoir su être, ou devenir, autre, c’est-à-dire : audacieux, originaux, singuliers. Ils mourront pour ne pas avoir pu supporter l’imprévisible. Cela, sachant qu’« il y a un danger à tenter de vivre trop vite de cette banalité supérieure. Si l’on n’absorbe tout, l’on s’y perd tout entier. Il faut que l’esprit soit plus grand que le monde qu’il le contienne ou bien il s’y dissout piteusement et n’est plus même original[28] ».

Où l’on trouve des personnages issus de Paludes, dans un texte tragi-comique au sein duquel « du haut du Caucase, Prométhée [ayant] bien éprouvé les chaînes, tenons, camisoles, parapets et autres scrupules [qui] somme toute l’ankylosaient[29] », oppressé, empêché, soumis, mal enchaîné, se libère pour rencontrer sa personnalité. Toutefois, désenchaîné, Prométhée continue sa lutte intérieure quotidienne pour libérer son aigle, car « […] en chaque homme quelque chose d’inéclos attendait ; en chacun d’eux était l’œuf d’aigle…[30] ». Idée d’apprentissage qui montre un écrivain qui « veut contraindre les gens à la liberté », et les éloigner des eaux stagnantes, puisque « l’effort de l’homme est cultivable[31] ». 

L’histoire du Prométhée mal enchaîné est étrange, enrichie d’un processus qui conduit à aller plus loin dans l’expérimentation de l’idiosyncrasie. L’homme doit se dépasser, ne pas se laisser dévorer par son « aigle », pour ne pas demeurer un « pigeon gris » qui « refait chaque jour ses hiers ». Cependant, pour être accompli, et cesser « d’être quelconque », il doit s’exercer à l’introspection, rencontrer son aigle, afin qu’il ne reste pas « maigre et gris, soucieux et morose, […] laid comme un vautour […] qu’alors on appellera conscience[32] ». Dans Le Prométhée mal enchaîné, « l’histoire de l’homme », est « l’histoire des aigles » ; il n’est plus question comme dans Paludes de l’homme qui ne peut pas voyager, mais toujours question d’un homme qui ne veut pas se résigner à son sort. Pour ce faire, le narrateur crée un Tityre chargé d’occupations intellectuelles. Cela, à la manière originale du récit de Bouvard et Pécuchet[33], dans lequel deux personnages devenus amis s’enferment dans une maison de campagne et tentent de multiples façons de se former à la science, « leur esprit ayant besoin d’un travail, leur existence d’un but ». Ceci, dans une même volonté d’agrandir un savoir scientifique qui ne demandait qu’à s’exprimer, mais sans volonté de le diffuser comme le souhaitèrent Bouvard et Pécuchet, en essayant de faire publier un article, et en rêvant de faire donner une conférence. Ce que fit Prométhée, lorsqu’il fut enfin délivré de son aigle, affirmant son tempérament « avec quelque habilité rhétorique ». C’est ce que fit Tityre, dans une identique volonté de construire une vie nouvelle, lorsqu’il rencontra Angèle et devint son ami le plus proche :

Il fit venir une bibliothèque circulante, avec une loueuse de livres, chez qui il prit un abonnement […]. C’est ainsi que Tityre apprit la métaphysique, l’algèbre et la théodicée. Tityre et Angèle commencèrent de cultiver ensemble avec succès différents beaux-arts d’agrément, et […] louèrent un piano […][34].

Mais cette activité s’arrêta assez promptement. En effet, à cet endroit du texte gidien, le lecteur observe la même réflexion que dans le texte flaubertien[35]. C’est-à-dire que Tityre, tout comme Bouvard, ressent que « tant d’occupations [les] tueront. [Il] sent l’usure ; ces solidarités activent [s]es scrupules ; s’ils augmentent, je diminue. Que faire ? si nous partions ? lui dit Angèle[36] ». Tityre accepta « peu de temps après, ayant bien éprouvé que, somme toute, les occupations, responsabilités et divers scrupules, non plus que le chêne, ne le tenaient[37] ». Chez ces deux personnages épris de tranquillité, surgit ainsi la tentation de l’imprévu. Mais qu’en est-il de Prométhée, comment se délivra-t-il ? Il sortit aussi ! La curiosité le saisissant. Il s’attabla dans un café et demanda au garçon : Où vont-ils ? Le garçon enjoué, lui répondit :

Si monsieur les voyait repasser comme moi tous les jours, […], il pourrait tout aussi bien demander d’où ils viennent. […] que cherchent-ils ? […] ce qu’ils cherchent, c’est leur personnalité […]. Oui personnalités ; ce que nous appelons ici, idiosyncrasie[38].

C’est ainsi que le narrateur dévoile volonté, et idiosyncrasie, qui, une fois découvertes, dépliées, développées, nous permettent de nous libérer de nos chaînes, et de notre enfermement. Prométhée s’instruit, et l’imprévu se produit par le biais de sa rencontre avec ce garçon de café qui « observe les personnalités, [car il pense qu’]il n’y a que cela d’intéressant ; et puis les relations entre personnalités[39] ». Il confie son procédé à Prométhée :

Je mets en relation ; j’écoute ; je scrute ; je dirige la conversation. À la fin du dîner, je connais trois êtres intimes, trois personnalités ! […] moi, vous comprenez, j’écoute, je relate, eux, subissent la relation. Mon goût à moi, c’est de créer des relations…[40].

« Action absolument gratuite », en apparence seulement, puisque cette expérience satisfait sa curiosité et lui apprend à mieux connaître les hommes. C’est ainsi qu’il va découvrir l’étrangeté d’une mésaventure vécue par Coclès et Damoclès. Cela, par la volonté d’un Miglionnaire, Zeus, « dont la fortune est infinie […]. De la vient son amour du jeu, [et qui], cherchant le moyen de faire souffrir quelqu’un du don qu[‘il allait] faire à quelque autre[41] », glisse 500 francs dans une enveloppe tendue a un inconnu qui souhaite... :

…trouver quelqu’un sans le choisir. Donc, dans la rue, il laisse tomber son mouchoir, et, à celui qui le ramasse (débonnaire puisqu’il a ramassé), le Miglionnaire [demande à l’inconnu d’écrire] un nom sur l’enveloppe [qu’il lui tend et] lui colle sur la joue un soufflet […][42].

Cet inconnu débonnaire, c’est Coclès, « un monsieur maigre ». Le banquier, « un monsieur gras, entre deux âges, et que rien ne signalait d’ailleurs que sa peu commune corpulence […] ». Damoclès est celui qui va recevoir l’enveloppe : « [à] l’un la gifle, à l’autre le billet ». Cette « action libre », « acte gratuit », est « un acte qui n’est motivé par rien […] intérêt, passion, rien. L’acte désintéressé ; né de soi ; l’acte aussi sans but ; donc sans maître, l’acte libre ; l’acte autochtone[43] ». C’est ce que dit le garçon de café. Ce n’est pas ce que dit le Miglionnaire qui a « la passion du jeu » :

Mon jeu c’est de prêter aux hommes. Je prête, mais c’est en me jouant, je prête, mais c’est à fonds perdus ; […]. Je joue, mais je cache mon jeu. J’expérimente ; je joue […]. Ce que je plante en l’homme, je m’amuse à ce que cela pousse ; je m’amuse à le voir pousser. L’homme, sans quoi serait si vide[44] !

Le garçon de café pratique aussi un jeu lorsqu’il rapproche des inconnus. De cette orchestration fortuite, naît pour le lecteur la vision d’un Prométhée, qui, libéré, devient « gras, frais, souriant ». Un Coclès éborgné, qui s’enrichit de manière inattendue. Un Damoclès, « le plus commun des hommes », amaigri, malheureux, qui ne souhaitait rien « dans sa très régulière existence ». Mais, qui depuis qu’il se considère « unique, original », vit une aventure trop grande pour lui : « Avant, j’étais banal mais libre. […]. Cette aventure me détermine ; j’étais quelconque, je suis quelqu’un[45]. » Cependant, Damoclès éprouve des inquiétudes, des hésitations qui « suffisent à nous empêcher le bonheur ; les scrupules sont des craintes morales que des préjuges nous préparent[46] ». Damoclès, emprisonné, parce qu’il ne peut remercier le donateur facétieux à l’origine de son basculement dans un tourment qui devient maladie, meurt. Qu’ajouter à l’étrange et fortuite destinée des personnages de cette sotie qui avançât pour Prométhée et Coclès dans l’ombre violente du martyre de Prométhée, puis de la blessure de Coclès, jusqu’à ce qu’advienne la guérison ? Quand, pour Damoclès, il y eut d’abord la lumière d’une espérance, puis le voile noir d’une maladie qui fut sans rémission.

L’écriture du Prométhée mal enchaîné fait naître un trouble chez le lecteur, qui pourrait renvoyer à celui que ressentit Gide lorsqu’il écrivit à propos de Paludes : « Il me semble […] que c’était une œuvre de malade[47]. » Bien sûr, il n’en est rien. L’auteur-narrateur décide tout simplement d’interpeller le lecteur sur le destin de ses personnages principaux en fonction de leur attitude face à l’imprévu, et à l’aventure.

L’aventure
Prends garde c’est l’instant où se rompent les digues
C’est l’instant échappé aux processions du temps
Ou l’on joue une aurore contre une naissance[48].

La dernière sotie de Gide est nourrie d’aventures spectaculaires, elle engendre espoirs, remords, regrets, et le rire absent dans Paludes et Le Prométhée mal enchaîné. Au cœur de cette ultime sotie, il y a la présence d’un monde qui s’est imposé par le bais d’un fait divers, et toujours la même volonté de montrer ce qu’il en est d’un jeu de dupes.

Dans Les Caves du Vatican, tout comme dans Le Prométhée mal enchaîné, il y a combat entre des êtres que tout oppose. En revanche, pas d’intrigant Miglionnaire, qui agit tel un dieu tout puissant pour contrarier plusieurs destinées ; mais un homme malfaisant, sans scrupule, Protos, qui dirige une organisation souterraine : « le mille-pattes ». Protos va, tout comme le Miglionnaire, bouleverser des vies tranquilles parce qu’il intrigue, pour son propre plaisir, montrant une fois de plus qu’un seul homme peut être le maître de nombreuses existences.

C’est par le biais d’une enveloppe que l’imprévu arrive dans Les Caves du Vatican, tout comme ce fut le cas dans Le Prométhée mal enchaîné. Dans Les Caves du Vatican, ce n’est pas une enveloppe, mais trois, qui furent à l’origine d’aventures. La première contenait la lettre que Juste-Agénor de Baraglioul adressa à son fils Julius, qui « déchira tout aussitôt l’enveloppe », découvrant un message qui l’amènera à deviner que son père a un fils adultérin. La deuxième enveloppe contient une fausse carte de visite envoyée par Protos, « à la toute spéciale attention de la comtesse de Saint-Prix »sœur puînée de Julius de Baraglioulsignée : l’abbé J.P. Salus, chanoine. Identité usurpée par Protos, tout comme sera usurpée l’identité par Lafcadio Wluiki, fils putatif de Juste-Agénor de Baraglioul, qui fait émettre des cartes de visite, au nom de « Lafcadio de Baraglioul », après avoir pris connaissance du nom de son géniteur « sans trembler, sans rougir, mais le cœur un peu sursautant[49] ». La troisième enveloppe contient un mot adressé par la comtesse de Saint-Prix à madame Fleurissoire, sa belle-sœur : « J’ai quelque chose de très grave à vous dire. » Ces quatre écrits n’ont qu’un but : changer ce qui est. Si la comtesse de Saint-Prix et les comtes de Baraglioul ne sont pas durablement affectés par les courriers reçus, en revanche, les visites effectuées par Julius et Lafcadio ainsi que l’entrevue entre la comtesse de Saint-Prix et Arnica Fleurissoire auront un retentissement notoire dans la vie d’Amédée, d’Arnica et de Lafcadio. Le destin d’Amédée, homme normal, « déjeté […] efflanqué [au] ton pathétique », va chavirer pour avoir entendu :

Les mots captivité, emprisonnement [qui] levaient devant ses yeux des images ténébreuses et semi-romantiques ; le mot croisade l’exaltait infiniment, [il] parla de partir, [se mit] a march[er] à présent à grands pas[50].

Amédée promettant de raconter ses aventures :

L’importance de sa mission lui surchauffait périlleusement la cervelle. […] il murmurait : qu’à moi soit réserve cela ! Plein d’une admiration et d’une reconnaissance attendrie : il avait enfin sa raison d’être[51].

Tout comme Damoclès, Amédée se sent élu ; il ne pressent pas qu’il aura lui aussi une destinée « appropriative », « sur mesure », car il n’est pas plus armé que lui pour faire face à l’imprévu. Aussi, la croisade de ce « cocasse voyageur » sera celle d’un candide don Quichotte « en cuirasse et en heaume, à cheval », au destin infiniment plus funeste. Un destin fomenté par Lafcadio, « jeune grâce », « d’aristocratique nature », fougueux, ombrageux. Lafcadio, qui venait de subir une rebuffade de la part de son vieux géniteur. Aussi, lorsqu’il posa son regard sur Amédée, fût-il sans complaisance : « étrange vieillard », « sale magot », « tapir », pensa-t-il. Un peu plus tard lui vint de la commisérationcomme en vint chez son vieux géniteur à l’instant des adieuxoù « Lafcadio sentit la main du vieux poser doucement sur son épaule ». Est-ce le rappel de ce fugace instant qui le fit s’attendrir face à cet inconnu : « [L]e petit vieux que je sens la […] il n’a pas l’air heureux […]. Il doit souffrir […]. L’aiderai-je[52] ? » Mais le désir fulgurant d’imprévusinon de vengeance gratuiteeut raison de cette fugitive interrogation. L’idée « d’un crime immotivé » vint la remplacer : « Qui le verrait ? […]. Qui le saurait ? » n’est-ce pas ce que lui avait montré Wladi : « […] ni vu, ni connu. »

Ainsi, naquit l’impérieux besoin d’agir, et de contrer l’impulsion première. Le géniteur de Lafcadio ne s’était-il pas lui aussi très vite repris, après avoir un instant faibli : « J’ai pris soin de ne vous laisser la possibilité d’aucun recours. […] ; vous ne serez jamais qu’un bâtard[53]. » Lafcadio avait chancelé en entendant ses paroles, et déduit : « Puisque je ne puis être tout près du vieux, apprêtons-nous à nous en éloigner davantage[54]. » Une destinée n’en a-t-elle pas entraîné une autre ? Car, outre la curiosité de commettre, par jeu, un acte imprévisible, naquit, en Lafcadio, le désir soudain de faire cabrioler Amédée. Et, c’est ainsi que se joua le destin de ce vieil homme à la fois ridicule et touchant, alors que s’était couché le soleil, et que déjà « s’atténuaient les reflets derniers de sa gloire ». La scène entre le géniteur et son bâtard est rejouée. La blessure de l’âme de Lafcadio, humilié, devint blessure corporelle à ignorer, à oublier. Ces deux actes inattendus agirent différemment sur les protagonistes de ce récit. Amédée qui, tout comme Damoclès se réjouissait d’une petite aventure, subit l’aventure de sa vie. Quand Lafcadio, qui éprouvait le besoin d’agir par défi, pensait :

Ce n’est pas tant des évènements que j’ai curiosité, que de moi-même. […] qu’il y a loin, entre l’imagination et le fait !... […] Qui prévoirait tous les risques, le jeu perdrait tout intérêt[55] !

Jeu à l’image de ceux de l’enfance de Lafcadio auprès de ses oncles de passage. Aussi, après son geste imprévisible, resta-t-ilen apparenceindemne. Il ne se considérait pas comme un « criminel », « il préférait le mot d’aventurier ». Mais, lorsqu’il réalisa la portée de son acte, « un grand dégoût mont[a] en lui, et presque une haine contre lui-même […][56] ». Car « la vie de l’homme est à son image […]. On raconte sa vie et l’on se ment mais notre vie ne mentira pas elle racontera notre âme[57] ». Néanmoins, Lafcadio, « honnête homme » devenu « un gredin », n’est pas le seul être à déterminer le destin d’Amédée ; à l’origine du drame joué, Protos, qui commit un meurtre, tout aussi imprévisible, sur Carola, qui l’avait dénoncé à la police. Protos qui entraîna Amédée dans une aventure misérable avec Carola, parce que la « chair [est] plus mystérieuse encore que l’esprit ».

L’imprévu, pour le lecteur de cette sotie, fut d’observer une justice qui punit Protos pour deux meurtres, alors qu’il n’en a commis un, épargnant ainsipar ignorance, celui qui a commis un « geste imprévoyant ! Geste idyllique ! » Un geste cruel qui renvoie à celui du Miglionnaire, car Lafcadio, a lui aussi agi, « par malice, par jeu, par l’amusement de préférer à son intérêt, son plaisir[58] ». Cependant, le lecteur peut imaginer que c’est pour deux raisons opposées, et imprévisibles que naquit le crime immotivé, perpétré par Lafcadio, cet insoumis, subtil, « d’aristocratique nature », qui avait « l’impunité en horreur[59] ». Lafcadio, être ambivalent, partagé dans sa fragilité entre différents amours et le désir d’aventures, attiré par un arbre qui frissonne, la rumeur de la ville, et le son d’un clairon qui chante. Lafcadio, qui, comme le Tityre de Paludes et le David de Saul, « veut partir encore ! oiseau sauvage ! Rien ne peut donc t’apprivoiser[60] ».

Ainsi, Gide, par le biais de la sotie, « comédie du langage », a-t-il stimulé le questionnement de son lecteur, et montré que les personnages, selon leur idiosyncrasie, subissent la monotonie ou la refusent. Dans Le Prométhée mal enchaîné, Damoclès ne survivra pas à une petite aventure, quand l’inattendu sera salvateur pour Coclès et Prométhée. Dans Les Caves du Vatican, Carola mourra pour avoir été trop proche d’Amédée, « homme normal », « piteux », supprimé « sans remords, puisqu’il ne présentait rien de nouveau ». Aussi, n’y eut-il « pas grande affluence à son enterrement », pas plus qu’il n’y en eut à celui de Damoclès, dont la mort passa tout aussi « inaperçue ». Quant à Lafcadio, il sera contraint à l’exil, et Protos à l’emprisonnement. Ces hommes étaient « banalement supérieurs ». Cela, sachant qu’il « y a un danger à tenter de vivre trop vite de cette banalité supérieure. […]. D’où les deux états d’abord l’état de lutte[61] ». Lutte vaine, puisqu’ils n’appartiendront jamais au monde de Prométhée ou de Juste-Agénor, hommes olympiens, « supérieurs ».

Dans sa conférence du 20 janvier 1900, intitulée Le Drame de la vie, Joyce soulignait que « l’on doit savoir tirer de la triste monotonie de l’existence des éléments dramatiques [et que] l’homme le plus ordinaire, le plus mort d’entre les vivants, peut jouer un rôle dans un drame poignant[62] ». C’est ce qu’a fait Gide, entre 1893 et 1913, introduisant le jeu pour atteindre le malheur. Gide, témoin lucide, à la fois créateur et improvisateur génial. Gide critique, expérimente, et excite la curiosité de ses lecteurs, faisant appel à leur intelligence émotionnelle, cristallisant sa vision de « l’homme normal », tout en montrant que si la monotonie peut devenir insupportable, l’imprévisible peut se révéler dangereux, et qu’il y a « nécessité d’une morale ». L’homme, « le plus complexe des êtres », doit tenir compte de ses limites, car l’imprévu ne convient qu’aux « subtils », et la monotonie aux « crustacés », autrement dit : à « l’homme normal ».

 

[1]          https://www.revuedesdeuxmondes.fr/andre-gide-linattendu-a-la-galerie-gallimard.
[2]          André Gide, Journal 1889-1939, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1960, p. 1194.
[3]          André Gide, Le Prométhée mal enchaîné, dans Romans et récits, Œuvres lyriques et dramatiques, I, édition publiée sous la direction de Pierre Masson, avec, pour ce volume, la collaboration de Jean Claude, Alain Goulet, David H. Walker et Jean-Michel Wittmann, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2009, p. 474.
[4]          André Gide, « Feuillets », p. 191, Cuverville, (juillet 1901).
[5]          André Gide, Paludes, op. cit., p. 289.
[6]          Le Prométhée mal enchaîné, op. cit., p. 474.
[7]          Prétexte, « cahiers trimestriels », « notices – études – documents », Boulogne-sur-seine, 1952, p. 54.
[8]          Journal I, op. cit., p. 178.
[9]          En ligne <https://www.cnrtl.fr/definition/impr%C3%A9vu> (C. Bernard, Notes,1860, p. 152). (Consulté le 8 décembre 2023.)
[10]        Journal 1889-1939, « Feuillets », op. cit., p. 717.
[11]        André Gide, Le Voyage d’Urien, dans Romans récits, Œuvres lyriques et dramatiques, I, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade »,1996, p. 225.
[12]        Les Nourritures terrestres, dans ibid., « Huitième livre », p. 439.
[13]        Journal I, op. cit., « Feuillets », p. 192.
[14]        André Gide, La Tentative amoureuse, dans Romans récits et soties, I, op. cit., p. 253.
[15]        La Tentative amoureuse, in ibid., p. 254.
[16]        André Gide, Les Caves du Vatican, in ibid. 
[17]        Journal I, op. cit., « Feuillets », Cuverville, 6 juillet 1901.
[18]        En 1891, Gide déclame dans les rues d’Uzès : « Aujourd'hui encore j'ai su être romantique. […]. J'ai crié le Navarin d'Hugo avec de belles sonorités. », (Les Orientales, 1829). Voir p. 132 du Journal I, op. cit.
[19]        Ibid., p. 153 (Munich, second jour, 12 mai 1892).
[20]        André Gide, Journal, Une anthologie (1889-1949), choix et présentation de Peter Schnyder avec la collaboration de Juliette Solvès, Paris, Gallimard, « Folio », 2012, p. 76.
[21]        Journal I, op. cit., « Feuillets », (1892), p. 158.
[22]        Œdipe, op. cit., « acte deuxième », p. 699.
[23]        Journal I, op. cit., p. 132, le 13 juin 1891.
[24]        Ibid., p. 173.
[25]        Ibid., p. 169 (août 1893).
[26]        Ibid., p. 173.
[27]        Ibid.
[28]        Ibid.
[29]        Ibid., p. 470.
[30]        Ibid., p. 491.
[31]        « Histoire de Tityre, III », dans Le Prométhée mal enchaîné, op. cit., p. 504.
[32]        Ibid, p. 490 et 494.
[33]        Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuchet [1881] (Gide a lu ce livre le 11 janvier 1892, à Pâques de la même année, il lisait Le Prométhée).
[34]        « Histoire de Tityre III », dans Le Prométhée mal enchaîné, op. cit., p. 504.
[35]        Gide écrit parlant du statut de l’écrivain : « Il lui faut l'excitation extérieure. […] Je le montrerai devenant décadent faute d'idées, après avoir imité Flaubert. […]. » Voir Journal I, op. cit., « Feuillets », p. 108.
[36]        « Histoire de Tityre III », op. cit., p. 504.
[37]        Ibid., p. 338.
[38]        Ibid., « Chronique de la moralité privée I », « Histoire du garçon et du Miglionnaire », p. 471.
[39]        Ibid.
[40]        Ibid.
[41]        Ibid., p. 496.
[42]        Ibid., p. 472.
[43]        « Chronique de la moralité privée I », « Histoire du garçon et du Miglionnaire », op. cit., p. 471.
[44]        Ibid., p. 496.
[45]        Ibid., p. 476.
[46]        Journal I, op. cit., p. 173.
[47]        Ibid., p. 179.£
[48]        Paul Éluard, premiers vers du recueil Les Mains libres, illustré par Man Ray, Paris, Gallimard, 2013.
[49]        Les Caves du Vatican, op. cit., p. 1035.
[50]        Ibid.
[51]        Ibid., p. 1079.
[52]        Ibid., p. 1133.
[53]        Ibid., p. 1040.
[54]        Ibid., p. 1056.
[55]        Ibid., p. 1134.
[56]        Ibid., p. 1147.
[57]        Journal I, op. cit., p. 149 (4 janvier 1892).
[58]        Ibid., p. 1127.
[59]        Ibid., p. 1174.
[60]        Saul, dans Romans et récits, I, op. cit., « Acte III, scène VIII », p. 747.
[61]        Journal I, op. cit., p. 173-174 (13 septembre 1893). Jeu de dupes, et lutte vaine, aussi pour Coclès qui pense « que le mal est quelque chose qu’on rend ». Damoclès, veut rendre le bien, en remerciant celui qu’il croit être, un bienfaiteur. Dans Le Prométhée mal enchaîné, « Chronique de la moralité privée, V », op. cit., p. 481.
[62]        Citation de James Joyce, tirée des Œuvres I, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1982. Voir Umberto Eco, De la Littérature, A Portrait of the artist as a bachelor, Paris, Grasset, 2002.

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Anne Frenzel a soutenu en 2018 à l'Université de Toulon une thèse sur  "La Physiognomonie au coeur des Caves du Vatican". Elle vit à Hyères.